Voici ce que, pour une première approche, l’élève a pu extraire du cd-rom Dictionnaire des Oeuvres de la Littérature Française de Beaumarchais & Couty (Bordas, 1994) :

Synopsis

I. De passage dans une réserve au Kenya, le narrateur (alias JE) rencontre Patricia qui, à dix ans, possède un rare pouvoir sur les animaux. Bullit, directeur du parc et père de Patricia, l’admire, mais sa mère Sybil est terrorisée : sa fille passe ses journées dans la brousse en compagnie d’un lion, King. Fasciné, le narrateur prolonge son séjour.

II. Les jours suivants, il fait la connaissance de King. Patricia l’a recueilli lorsqu’il n’était qu’un lionceau perdu: elle règne à présent sur une bête superbe. Son pouvoir provoque la passion d’Oriounga, un jeune guerrier Masaï, qui demande la petite fille en mariage. Pour répondre à son défi, il vient affronter le lion, que Patricia lâche sur lui. Bullit, violant la promesse faite à sa fille, est obligé d’abattre King. Patricia part avec le narrateur pour une pension de Nairobi.

Critique

Le Lion n’est pas un livre sur les bêtes, mais la tragédie d’une passion exclusive. La passion, tous l’éprouvent pour ces animaux dont la vie sauvage est préservée grâce au parc : Bullit, ancien chasseur reconverti, qui, bien qu’il ait consacré sa vie à les protéger, éprouve, au moment où il tire sur King, le « désir du sang » ; le narrateur, qui, dans ce lieu d’une splendeur édénique, retrouve « l’innocence et la fraîcheur des premiers temps du monde » et sent abolie en lui, lors de sa rencontre avec King, la terreur immémoriale de l’homme pour la bête ; Oriounga, membre de cette tribu Masaï libre de tout lien sur la terre des hommes, qui vit de lait et de sang. Mais la véritable passion est celle de Patricia, que les Noirs appellent l’« enfant du lion », et que son amour pour l’animal a initiée à tous les sentiments humains: maternité, jalousie qui la fait se mesurer aux lionnes, ivresse de la domination sur le roi de la nature. Ici Kessel, qu’on a surnommé « le lion », qui a mêlé toute sa vie la littérature à l’action, exalte des êtres animés de la même passion, du même goût de la liberté que les siens.

Mais dans ce monde africain empli de signes et de récits de sorcellerie, cette passion doit trouver, selon le pressentiment du narrateur, témoin impuissant du drame, un dénouement qui est un rite de passage. Il y a, comme le montre un réseau symbolique marqué, trois lions dans ce récit. À côté de King, la bête aux yeux d’or, ami et « enfant » de Patricia, deux hommes s’opposent : Bullit, le « géant roux », fauve et maître des fauves, et ce jeune Masaï à la chevelure cuivrée, voué par une loi ancestrale à affronter les lions. Patricia, qui régnait sur King et sur son père, ne peut résister à sa fascination pour le jeune homme dont elle cause la mort, pour un peuple dont elle partage la transe lors des cérémonies rituelles. Mais, de même que Bullit avait quitté ses parents pour mener la vie de chasseur, qu’Oriounga doit tuer un lion pour devenir un homme, de même Patricia, en voulant étendre sa domination, en menant trop loin un jeu dont elle ne mesure pas le danger, fait se heurter deux règnes « interdits », passant de l’univers des animaux et de l’innocence à celui des adultes, du désir et de la mort. Quittant le parc, elle pleure pour la première fois, sans doute aussi pour la dernière, comme un « enfant des hommes ».

On se reportera aussi à cette tout aussi instructive page Web, due à une élève de primaire (Leïla) :

J’ai choisi ce livre d’emblée au milieu des autres parce que je suis passionnée par l’histoire du Kenya.
C’est l’histoire d’un bébé lion qui est ramené par Bullit, le père de Patricia. La mère du bébé lion est morte. Patricia et lui vont être élevés ensemble. Oriounga, un jeune vigoureux Masaï n’a qu’un rêve : affronter un lion. En effet, chez les Masaï, pour devenir un homme, il y a dix ans encore, il fallait tuer un lion.
Joseph Kessel fait des descriptions des paysages féeriques. Ce livre est comme un extraordinaire voyage au milieu des animaux sauvages : lions , buffles, rhinocéros, girafes, gazelles.
L’amitié entre Patricia et King le lion, j’aimerai la vivre !
Si tu aimes la nature, les hommes différents de nous, ce livre est pour toi.
A partir de dix ans pour voyager en Afrique pour 38 francs seulement !
Les illustrations sont très bien car elles m’aident à comprendre le texte.
Ce livre apporte une connaissance en rapport avec les hommes blancs et les africains.

(Cliquer ici pour un autre site original sur Le Lion)

La mise au premier plan de la maternité et de l’éducation, qui pourtant n’intervient dans le cours du roman que tardivement (flash-back), sert d’amorce au résumé que donne l’Encyclopédie Hachette (1998) :

Dans une réserve naturelle du Kenya, Patricia adopte King, un lionceau qu'elle a recueilli. Fillette et animal grandissent ensemble en toute innocence, jusqu'au jour où la première, pour éprouver son pouvoir, dresse le second pour affronter Oriounga, un jeune guerrier Masaï respectueux des traditions ancestrales. Celui-ci se fait dévorer par King, qui a retrouvé ses instincts primitifs. Le père de Patricia, ex-chasseur repenti, abat le lion. Patricia quitte, désespérée, le paradis de son enfance.
Maître du roman d'aventures moderne, Joseph Kessel a su peindre avec une fraîcheur toute poétique l'histoire fabuleuse, intime et fraternelle d'une petite fille et de son compagnon vivant en symbiose dans des paysages enchanteurs.