Détail de l’application
Selon la méthode retenue, la part faite à la subjectivité de chacun (professeur comme élèves) est incontestable dans le choix des mots-vedettes qui s’imposent à l’attention par leur répétition et/ou leur synonymie. Leur relevé, qui suit le fil des chapitres et les étapes du récit, requiert de multiples citations pour justifier un sémantisme à la fois permanent et évolutif.
Un incipit révélateur
D’emblée (I, 1, aux
deux premiers paragraphes) le visage de JE est caressé par un " pinceau " de
" courte fourrure ", celle du singe dont le pelage de " satin " " semblait en
peluche ", en forme de " boule mordorée ". Cette multitude de comparants met
en évidence le sème /pilosité/, modalisé par /douceur tactile/. Soit deux sèmes
spécifiques, qui sont moins liés au générique /inanimé/ qu’à /animal/
(à l’origine des matières citées), comme le prouve encore la métaphore du " duvet
impalpable " des brumes matinales enveloppant le paysage au pied du Kilimandjaro.
Les animaux qui vivent dans cette réserve semblent avoir donné un de leurs attributs
au paysage.
Voilà donc isolé un thème qui sera celui que l’on a décidé de construire dans
le cours du roman. Son importance est suggérée à la fois par le mot titre ‘lion’
dont la crinière est l’élément identifiant, et par le genre du récit animalier
qui le met au centre des préoccupations du narrateur.
On pourrait croire à une reprise lexicale fortuite, lorsque, quelques pages
plus loin, la jeune Patricia apparaît avec des " cheveux noirs coupés en boule ",
" la tête coiffée en boule " – les sèmes /pilosité/, /curviligne/, /souplesse/
demeurent, dans ce passage du singe à la jeune fille, laquelle est d’ailleurs
masculinisée, au point que JE la prend pour un garçon (à la chute de I, 1) –
comme si cette incurvation était symbolique d’un repli sur soi, voire d’une
position d’énergie contenue, à la manière des fauves, dont l’un d’eux, le lion
King, est SA chose. Les syntagmes cités la caractériseront fréquemment, jusqu’en
II, 13, où la jeune fille rompra avec la douceur du milieu animal et du cocon
familial protecteur.
Plus loin (I, 3), la réapparition du singe Nicolas promeut le sème /harmonie/
unissant l’humain à l’animal. Il s’agit là d’un trait axiologique posant la
thèse polémique au centre du récit, car cette vision idyllique qui est celle
de Patricia et de son père Bullit n’est pas partagée par sa mère Sybil ni par
JE quand il critique : " Mais, apprivoisé à ce point et si vite, il ne pouvait
plus être qu’un doux compagnon de chaîne pour l’homme dans sa prison ", ne comprenant
pas qu’il est un émissaire de Patricia qui communique mystérieusement et irrationnellement
avec les animaux : " Elle est née avec le don. " confiera son père (I, 7) ;
au point d’être aux yeux des noirs une " sorcière pour les bêtes sauvages "
(I, 10). Soit une divergence de points de vue – notion intégrée à la composante
dialogique dans la théorie de Rastier – que suscite une simple " boule "
de poil, qu’elle soit animale ou humaine (coupe de cheveux).
L’élève prend ainsi conscience de la façon dont l’argumentatif s’ancre dans
le descriptif, si futile parût-il.
Le puissant Bullit
Voilà donc la figure
du Père (protecteur et adulé), revêtu de l’autorité que lui confère sa charge
d’administrateur du Parc Royal kenyan (protecteur aussi des animaux). Elle se
dessine par antithèse : alors que son épouse est décrite comme " une jeune femme
grande et blonde " aux " cheveux sans vie " (I, 4), en outre psychologiquement
dévaluée, lui au contraire est hyper-valorisé par sa vitalité et sa puissance
débordantes, qui, avec les idées de danger et de noblesse, sont autant d'afférences
communes au fauve et au taureau, qu'il est aussi par son surnom anglais de ‘Bull’;
l'identification physique est incontestable : " cette large face presque animale
sous la toison de cheveux roux ", ce " mufle roux " (I, 6). A noter que le blond
roux anglo-saxon des deux époux – motivé, historiquement, par l’occupation anglaise
du Kenya – diverge, traduisant ainsi le " désaccord secret " que devine JE :
la nostalgie européenne de Sybil contraste avec l’adaptation africaine de John
Bullit, né en Rhodésie. De là sa " broussaille rousse " de cheveux (I, 5) mimétique
de la vraie brousse, laquelle défige dans ce contexte la phraséologie avoir
les cheveux en broussaille.
Parce qu’elle comporte le sème /isolement/, cette brousse soulève de nouveau
un problème évaluatif : d’une part elle désole Sybil (" il n’y a pas une vile
à 300 kilomètres d’ici ", I, 4), de l’autre, sans une telle retraite, la réserve
n’eût jamais offert à la contemplation de JE un vrai spectacle exotique, ni
permis l’exceptionnelle harmonie entre Patricia, le milieu sauvage et son père.
Revenons à /pilosité/. Ces " poils " secs de broussaille – signe de virilité selon
la phraséologie, nous dit le Petit Robert à propos de l’étymologie du
‘Poilu’ ; le Dictionnaire des symboles (Chevalier & Gheerbrandt) plaidant,
lui, pour " la vie instinctive " – s’opposent aux " cheveux humides " que le
mari s’oblige à porter lors de la réception organisée par sa femme (I, 12),
concession aux rites européens dont il est encore prisonnier et qui le contraint
à chasser le naturel : " Bullit voulut fourrager dans ses cheveux, les sentit
mouillés, retira sa main comme s’il s’était brûlé " (cf. déjà en I, 7 sa gêne
concernant la question de " Pat et les bêtes " suscitait le même geste : " sans
qu’il en prît conscience, sa main fourragea dans sa toison rouge "). Plus psychologisé,
le détail physique revêt une importance accrue : " Ses cheveux mouillés, peignés,
plaqués sur le crâne massif faisaient ressortir avec violence l’épaisseur et
la brutalité de ses traits. Il semblait mal à l’aise et maussade. " Faisant
aussi ressortir " la bouleversante expression d’un homme qui se sent fautif
à mourir et ignore pourquoi " (I, 12). Si bien que les remuer librement signale
le désir d’ôter l’embarras,
D’ailleurs le fait
d’avoir été " le chasseur professionnel, l’exterminateur de gros gibier " converti
met davantage en relief le triplet sémique qui le caractérise : /dynamisme/,
/intensité/, /douceur/. Quant à la phrase " Bullit promena sa large paume sur
la toison rouge qui couvrait son poitrail dénudé ", elle est de nouveau consécutive
à une forte émotion, celle du soulagement : " La joie du sang qui était plus
forte que toutes les autres, eh bien, elle n’est plus là. " (I, 9), puisque
sa force est désormais au service de la vie et de la caresse, non plus de la
cruauté et de la mort. Si bien que la couleur rouge de ce " chasseur blanc à
toison rousse " (II, 14) n’a plus rien à voir avec le sang versé des bêtes sacrifiées.
Outre sa crinière, avec son " équilibre musculaire ", sa " souplesse " féline,
son " grand pas élastique ", sa " brutalité " rentrée (I, 5) voire sa duplicité
– en effet il retarde jusqu’en I, 7 l’extériorisation de son hostilité envers
JE, avant que naisse son amitié envers lui – il préfigure déjà le lion, qui
n’entrera en scène qu’en II, 2, majesté et douceur occultant les aspects négatifs
de sa personne.
L'inquiétant Oriounga
Au sein de la tribu Masaï, " les moranes, jeunes, braves et beaux guerriers, étaient les seuls, dans l’Afrique orientale, […] à laisser croître dans toute sa force et sans y porter le fer leur toison crépue. " (I, 11)
Toison de nouveau, certes, mais ostentatoirement et agressivement " hérissée " :
" ce n’était plus une chevelure qui couronnait les jeunes hommes. C’était une
fauve et merveilleuse matière qui ressemblait à la fois à un nid de serpents
pétrifiés, à un buisson ardent et à un casque de cuivre […] sur la nuque d’ébène " ;
ce " signe par excellence " (I, 11) sera le dangereux élément de reconnaissance
dans un moment plus crucial : " je vis un casque aux tons de cuivre. C’était
la chevelure d’Oriounga. " (II, 9) Elle pointe comme le fer de sa lance, mais
aussi les " ronces " d’où surgit le guerrier, ainsi que les deux lionnes au
" poil hérissé " (II, 9) ou la " masse hérissée " de King , le roi-lion à l’attaque
(II, 14), jusqu’aux sourcils mêmes de Bullit (I, 7).
Voici donc dépeint le morane Oriounga " sous son casque d’or rouge ",
" panthère noire qui étire au soleil ses membres de meurtre et de velours ".
Ces sèmes /pilosité/, /curviligne/ et /félin/ renforcés par le pelage soyeux
sont ici liés à/violence/, comme le justifie la coutume immémoriale et intemporelle :
" Dans le temps, dit Patricia, un morane, avant d’être un homme et avoir
droit à une femme, devait tuer un lion. " (II, 5)
La rencontre avec le sémantisme du banc Bullit n’est pas ici fortuite, du fait
que la chevelure Masaï durcie à " la boue rouge et l’argile " comporte elle
aussi le sème /rigidité/ (des conventions supra) ; en outre tous deux
ont un " corps d’athlète ", dont découle l’orgueil du guerrier qui n’est pas
sans rapport avec la condescendance de Bullit.
Quant à la métaphore de la panthère – dont Genette eût dit qu’elle est métonymiquement
motivée par la faune du milieu kenyan – elle répond à la " démarche de
léopard " qui caractérisait le pisteur noir de Bullit, Kihoro (I, 7). Mais poursuivons
sur les moranes, qui eux, ne se rangent pas à l’autorité du blanc géant
roux.
Ils portent, flottantes, " les crinières des lions tués " au cours d’une " chasse
frénétique ", en " transe ". Ainsi l’un d’eux, Oriounga, se livrera à des ondulations
convulsives en l’honneur de la fille du lion Patricia, puis fera " ondoyer "
sa " toison fauve " avant de blesser King (II, 13-14). De sorte que le groupement
sémique précédent /souplesse/, /intensité/ se substitue à /rigidité/, conformément
à l’idée reçue sur le félin, selon laquelle la vivacité prend le masque de l’immobilité
tendue.
Avec ce verbe " ondoyer " associé à la soudaine " frénésie Masaï " et la " dislocation
des corps " de la danse et de la violente attaque (II, 13-14), revient en mémoire
a posteriori cet " ondoyant équilibre " de " l’étendue liquide entre
les roseaux et les buissons touffus " qui inauguraient le récit (I, 1), réitérés
avec " les touffes et les buissons de ronces, […] haies griffues ", inséparables
de l’" ondulation de la brousse " (II, 6). Sous-jacente à l’énoncé, la phraséologie
des herbes ondoyantes, équivalentes aux touffes de poils, actualise le
groupement sémique/dynamisme/, /pilosité/, /curviligne/, /liberté/ (où /violence/
neutralise /calme/), lequel confirme la connexion métaphorique,
signe d’osmose entre le végétal, l’animal et l’humain.
La rencontre décisive
Au cours du sommet du récit (II, 2) d’où se dégage la profonde harmonie entre la jeune fille (/humain/ + /féminin/) et King (/animal félin/ + /masculin/), réactivant le topos mythique de la Belle & la Bête :
" Dans son ombre, la tête tournée de mon côté un lion était couché sur le flanc. Un lion dans toute la force terrible de l’espèce et dans sa robe superbe. Le flot de la crinière se répandait sur le mufle allongé contre le sol. Et entre les pattes de devant, énormes, qui jouaient à sortir et à rentrer leurs griffes, je vis Patricia. Son dos était serré contre le poitrail du grand fauve. Son cou se trouvait à portée de la gueule entrouverte. Une de ses mains fourrageait dans la monstrueuse toison. "
(de même qu’" elle écartait les fourrés, soulevait les arceaux d'épines ", précisément ces végétaux d’où émergent les actants clés du récit, embusqués, permettant ainsi l’Apparition, selon une sorte de rituel initiatique ; cf. cette phrase, lors de la seconde rencontre de King en II, 6 : " Patricia tendit la main vers l’espace que l’on voyait à travers les rameaux hérissés d’épines, une longue plaine, mollement ondulée, herbue et coupée de fourrés. " Comme pour le fauve, la griffe du végétal ne l’atteint pas)
le triplet /dynamisme/, /pilosité/, /curviligne/ du ‘flot répandu’ confirme la cohésion qui l’unit à la puissance de l’animal rappelant celle de Bullit : " je sentis sous ma main les muscles énormes et noueux onduler ", puis " King se dressa d'une seule ondulation musculaire. " La permanence sémantique est accrue par l’union des pilosités, symbolique de l’osmose affective, sous l’effet de l’intense complicité : " Patricia se glissa entre les pattes de devant, mêla ses cheveux en boule à la toison énorme " (ibid.)
On remarquera que la liquidité comparante, si elle est logiquement compatible avec la forme ondulée du crin, est un détail irréaliste dans le décor de la savane aride. Comme l’or des yeux, ce flot apaisant – ainsi que le manichéisme doxal ambiant : noir vs blanc, sauvage vs civilisé, enfant vs adulte, guerre vs paix, Afrique vs Europe – est à rapporter au genre merveilleux (adjectif d’ailleurs employé rétrospectivement : le " merveilleux petit singe ", II, 1).
Flash-back sur King
Il y a là inversion d’ordre dialectique (cf. Rastier) par rapport au temps où le bébé-lion, véritable " paquet de laine " était " pelotonné " dans les bras de la fillette déjà mère envers lui (II, 3), ce qui souligne le triplet /pilosité/, /curviligne/, /douceur/. En jugeant son petit " moins gros que les deux poings de [s]on père " (II, 2), Patricia permet d’établir une connexion métaphorique à longue portée entre le lionceau et le singe Nicolas, déjà qualifié de " pelote de laine ", " grosse comme un poing d’enfant au berceau ", " on avait plaisir à caresser sa toison courte " (I, 1, 3), ce qui fait ressortir leurs sèmes communs /petitesse/, /inchoativité/ (naissance, début).
On note qu’une telle unité suscite la classe sémantique des //être agiles//, ad hoc au contexte du livre, laquelle inclut en outre, parmi les animaux, ‘gazelles’, ‘antilopes’, ‘zèbres’ (sèmes /pileux/), mais aussi les surprenants ‘rhinocéros’ et ‘éléphants’ (sème /glabre/), et parmi les humains, Bullit et Oriounga à pilosité marquée, comme on a vu.
Le jeu agité du lion avec " la petite fille échevelée " permet aussi d’atteindre une autre inversion dialectique concernant cette fois son père. En effet durant une séance photos rétrospective sur le nourrisson, si " Bullit avait plaqué ses cheveux roux " en signe d’obéissance aux conventions européennes, celles-ci n’empêchent pas une atmosphère détendue de s’installer, si bien que le physique du père reflète son mental à l’unisson de sa fille : " Bullit fourragea dans ses cheveux qui avaient eu le temps de sécher et se dressèrent soudain en tous sens " (II, 3) – selon l’esthétique africaine partagée par le guerrier noir, mais sans son agressivité – toujours pour dissiper un embarras, ici celui de son " attendrissement " devant le bébé-lion. Paraphrase insistante : " ses cheveux étaient de nouveau une toison hirsute " (II, 4), où le sème /intensité/, lié à /liberté/, est repris par l’adjectif " drus " mais aussi au niveau sentimental par l’abondance de " sa tendresse la plus profonde " qu’il témoignait à sa fille et sa femme (I, 6).
On note que si, en langue, ‘échevelé’ et ‘hirsute’ sont synonymes de ‘hérissé’, en revanche en contexte ils sont antonymes par les sèmes /curviligne/ et /douceur/, valorisés à ce moment du récit et contredits par le redressement agressif de fauve. Dans ce distinguo lexical, se manifeste le privilège de la norme idiolectale d’un auteur, autonome par rapport au sociolecte.
Final à la fois tragique et heureux
La réciprocité du geste à valeur symbolique est essentielle à la notion d’amitié, qu’elle définit, comme le rappelle J. Courtés (1989 : 36) – auteur qui prêtera à discussion infra. Ainsi quand le père " caressa les cheveux légers de sa fille ", réciproquement, Patricia, " dans un mouvement impulsif, passionné, plongea ses doigts dans la toison rouge de son père ; je ne pus m’empêcher de songer qu’elle agrippait de la même façon la crinière de King " (II, 8), lequel d’ailleurs, dans la scène clé de la communion, " lui lécha les cheveux. - Lui, il m'embrasse souvent, dit Patricia en riant. " (II, 2).
Une telle harmonie familiale, au sens large, équivaut au calme précédant la tempête. Celle-ci est amorcée par les deux lionnes intruses et rivales de la jeune fille – dont la noirceur de cheveux empêche l’assimilation avec l’une d’elles – sortant victimes : " le sang jaillit sur le pelage fauve " (II, 9 ; cf. in fine " le sang parut " de King lui aussi).
Mais le lion mâle conserve sa fidélité aux humains et acquiert l’attribut curviligne de Patricia : " je vis jaillir et dévaler vers nous une tache, une boule, une bête fauve " (ibid.). Et le puissant dynamisme ponctuel de ‘jaillir’ est réitéré à propos du jeu entre lui et Bullit, véritable choc de titans : " Crinière et cheveux roux ne firent qu’une toison. – Est-ce que vraiment on ne dirait pas deux lions ? dit Patricia […] Sous la fourrure et la peau de King, on voyait onduler la force en longs mouvements fauves ", à quoi répond la tout aussi forte " torsion " de Bullit (ibid.)
La cohésion sémantique est telle que l’on a perpétuellement l’impression d’une hypallage de ‘onduler’ devant se rapporter aux cheveux et crinière, plutôt qu’aux muscles.
Venons-en au point dramatique. Si la jeune fille, devant aller en pension, refuse d’abandonner son " jouet " et le contemple : " Au loin, entre les hautes herbes, une masse fauve et une toison en forme d’auréole venaient à nous. " (II, 14) cette expression ‘masse fauve’ caractérisait déjà la coiffure d’Oriounga (I, 11) ; ce rappel prend tout son sens si on le rapporte au moment où le guerrier, paré de " l’auréole royale des lions ", provoque la mort de King (II, 14), car elle se laisse évaluer de façon contraire dans l’univers de la jeune fille : /humain/ + /meurtrier/ (parmi lesquels son père) vs /animal/ + /victime/ (King a été dirigé, instrumentalisé).
L’union des contraires s’inscrit dans la pilosité même : lors du corps-à-corps, " les deux crinières n’en firent qu’une " (récurrence de /pilosité/, /intensité/, /dynamisme/), et la disjonction ne s’opère qu’une fois le guerrier éliminé : " Patricia lâcha la toison " de son ami, après avoir tendrement agrippé King tué.
Logiquement, elle ne pardonne pas à celui qui s’est rangé à la loi des hommes, et la fille rejette le père qu’elle ne considère plus comme un lion (puisqu’il est mort) : " Bullit étendit sa grande main sur les cheveux de Patricia. Elle l’évita d’un bond […] – Ne me touchez plus jamais, cria-t-elle. " (II, 14) La chevelure signifiant par relation métonymique le contact naturel, amical, protecteur – y compris de la mère, faux opposant : " Patricia se pressait contre elle et Sybil caressait les cheveux coupés en boule " (II, 3) – que la jeune fille désormais s’interdit.