Sur une variation humoristique du chant du cygne, l'élocution séduisante de l'animal lui est d'une utilité vitale et lui confère une valeur y compris dans le domaine alimentaire, celle-là même que lui conteste Dumas en dehors des considérations artistiques (en se plaçant sur le plan pratique, opposé au mythique) :
Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le Cygne et l'Oison :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal du jardin, l'autre, de la maison.
Des fossés du Château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d'un coup,
Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou,
Il allait l'égorger, puis le mettre en potage.
L'oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.
Le Cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu'il s'était mépris.
"Quoi ? je mettrais, dit-il, un tel chanteur en soupe !
Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe
La gorge à qui s'en sert si bien!"
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.
Qu'en est-il de cette personnification du noble oiseau au XIXe s., une fois écarté ce registre culinaire, dont la matérialité ressortit au genre comique ?