Troisième journée - II, 5-7

Elle se déroule dans le campement Masaï et donne lieu à une nouvelle séance d’initiation positive à partir d’éléments a priori négatifs pour un visiteur de passage. En effet, JE est pris d’emblée dans une atmosphère indexée à /péjoratif/ : "une odeur épaisse d’étable mal tenue, de purin, infectait l’air si léger de l’aurore", celle qui émane du matériau des constructions. Cela rebute JE l’européen mais non Patricia qui a intégré cet élément de culture nomade dans son univers de vie sauvage, et s’amuse en outre de la haine tribale. La jeune fille est vecteur d’une lecture para-doxale. De même, elle est admirative des moranes et du sang prélevé sur des vaches vivantes, sans se soucier du sème /violence/ (Le thème du sang épanché est riche et ambigu : si Patricia l’approuve pour les Masaï et son lion en raison du sème /pour se nourrir/, elle l’interdit à son père qui n’a pas le droit de narrer ses exploits passés de chasse où des bêtes étaient tuées gratuitement).

L’initiation réussit : non seulement sur la paire /cognition/ + /duratif/ ("je comprenais mieux"), mais au niveau de la modalisation inverse de la construction nomade : "quelle ingéniosité !" La "connaissance" qu’il acquiert suppose toujours /itératif/ (cf. "plus d’une fois" et les imparfaits d’habitude).

Lors de sa seconde rencontre, le Lion est vu toujours sous un angle "fabuleux", mais ici dans son attaque "frénétique" d’un buffle, laquelle n’est pas sans similitude avec la "chasse frénétique" mythique des moranes, précisément contre les lions, évoquée plus loin (II, 12). Cela laisse supposer qu’une telle férocité sauvage finira par se retourner contre lui. Quant à la félinité de la jeune fille, elle n’est pas tant liée à sa démarche souple et furtive, qu’au sème /cognition/ : "sous le couvert de l’indifférence, elle réfléchissait intensément".

Bref, le contenu thématique de cette journée est indexé à /fascination/, sentiment qu’éprouve Patricia pour la vie sauvage recouvrant aussi bien les coutumes noires que la nature. Elle le transmet à JE, lequel ne s’offusque plus de la rudesse des mœurs locales et devine déjà un danger dans le projet de la jeune fille, qui demeure toutefois secrète.